Mouammard Khadafi, son épouse Safia et le parrain de leurs 5 enfants, Philippe Vannier PDG de Bull, en 1995.
Jusqu'à ce matin ce n'était qu'une rumeur persistante, puis c'est devenue une information officielle: les Khadafi sont bien en Algérie. Et c'est par un canal inattendu, le profil Facebook du président Abdelaziz Bouteflika, que la diplomatie mondiale a appris la nouvelle. A 7h15, le statut du leader de la seule démocratie fonctionnelle du Maghreb a été mis à jour : "L'épouse et trois enfants de notre ami Khadafi sont arrivés hier soir et ont été immédiatement conduits en lieu sûr. Nous les recevons parce que nous sommes des musulmans, parce que le monde doit savoir que les arabes sont capables d'éprouver de la solidarité entre eux." L'affaire aurait pu en rester sans le concours d'internautes anonymes qui ont dénoncé une imposture confirmée un peu plus tard dans la journée par un communiqué lapidaire, émanant du cabinet du général Toufik, et dont le contenu est sans ambiguïté. "M. Bouteflika est notre homme de paille, ce n'est un secret pour personne. S'il devait s'exprimer il le ferait avec nos mots." Le "nous" employé par l'ex-chef de la sécurité militaire désigne les cadres de l'armée qui dirigent le pays depuis la fin de la guerre d'indépendance. Et de continuer : "depuis la révolution de 1962 et même avant, nous avons systématiquement assassiné ou fait assassiner tout algérien susceptible de se soulever contre nous et nos idéaux de liberté. A partir de 1988, nous avons laissé mourir plus de 100 000 de nos concitoyens, hommes, femmes et enfants livrés à la folie islamiste - que nous téléguidions comme nous pouvions, malgré l'ingérence scandaleuse des puissances occidentales. Alors qu'on ne vienne pas nous parler de solidarité arabe". Soumis par le journal Le Monde à l'analyse de Mohamed Sifaoui, spécialiste du renseignement, le document ne révèle aucune faille de quelque sorte que ce soit. Fidèle à sa tradition de transparence, l'administration algérienne est aujourd'hui incapable de confirmer ou d'infirmer la présence de la famille du dictateur libyen présumé mais, selon le ministère des Affaires Etranges, "reste ouverte à toute éventualité qui irait dans l'intérêt des peuples et des démocraties de la région". (avec la collaboration de Sébastien Biel à Paris, Mohamed Naanar à Alger, photo : Morvan/Sipa).