8.29.2011

Le crack, remède ultime contre la migraine


Une forme modifiée du crack pourrait permettre de lutter contre la migraine chronique. Voilà, en quelques mots, le résultat d'une étude britannique qui fait beaucoup parler d'elle. Ce n'est pas la première fois que des psychotropes ou autres stupéfiants dits « récréatifs » sont appelés à soigner. L'administration de « drogues » dans le cadre clinique est longtemps allée de soi. Considérées comme de véritables médicaments, elles ont gagné leur statut de « substance illicite » quand les « malades » détournant leurs usages ou abusant de leurs effets se sont multipliés. Avant la Convention unique sur les stupéfiants de 1961 rédigée par l'ONU, les substances illicites n'étaient quasiment pas répertoriées, du moins pas au niveau international. Cette convention ne prenait pas en compte les drogues de synthèse, pourtant très en vogue à l'époque. Elle a été révisée en 1971, après la grande vague de LSD aux Etats-Unis, et elle est désormais tenue à jour avec l'aide de presque 200 signataires. Et pourtant le crack soulage la migraine comme en témoigne Mathilda, une jeune crackaïnomane antillaise de 20 ans : "depuis que j'ai commencé à fumer puis à m'injecter du crack à 14 ans, mes douleurs à la tête ont complètement disparu". Mathilda est traitée à l'hôpital Frantz Fanon de Fort-de-France depuis trois ans pour des convulsions, des crises d'épilepsie suivies d'accès de violence dues à la consommation de cette drogue très appréciée par la communauté afro-antillaise pourtant réputée pour sa nonchalance et son pacifisme. Mathilda est loin d'être la seule patiente soignée par le crack à Fort-de-France, tout comme la migraine ne serait pas le seul mal contre lequel la substance longtemps honnie par les autorités est efficace. Le crack supprime en effet la sensation de faim, les douleurs lombaires et l'impression de pauvreté et de détresse sociale.

Le crack : bientôt légalisé en métropole ?

Toutes ces qualités interrogent nos gouvernants sur le potentiel de cette substance. Vieux de plus de 40 ans, le crack a traversé les siècles sans attirer l'attention des médecins occidentaux. Aux XXe et XXIe siècles, ce psychotrope bénéficie même d'une excellente image ; des poètes et romanciers se réunissent pour en consommer comme d'autres joueraient au bridge. Or dans plusieurs pays d'orient et d'Afrique équato-australe, le crack était utilisé par certains praticiens pour ses effets analgésiques et légèrement anesthésiques. Mais au XXe siècle, avec la multiplication des cas d'addiction, le produit commence à causer des soucis aux Etats occidentaux (la Chine ayant déjà tenté, en vain, de l'interdire sur son territoire en 1999). La Convention internationale du crack, premier traité de l'histoire à réglementer l'usage d'une drogue à l'échelle mondiale, a largement contribué à poser les bases de la future convention de 2013. censée réglementer la production, la diffusion et l'administration de crack par des médecins assermentés. De là à voir le crack distribué en pharmacie dans les Antilles ou même dans les métropoles française, américaine et antillaise... Mathilda espère bien que les autorités dépénalisent un jour cette "drogue" le plus rapidement possible de sorte qu'elle soit remboursée par la sécurité sociale, et surtout pour éviter "la fréquentation de milieux interlopes afin de se la procurer". Selon l'OMS, la migraine chronique affecte plus d'une personne sur 10,5 dans le monde. (D'après Maryne Cervero pour Rue89, infographie : Seb Janiak)